lundi 11 mai 2020

90ème anniversaire de la Traversée de l'Atlantique Sud par Jean Mermoz - 12 et 13 mai 1930


Le 12 mai 1930, l'hydravion Comte-de-la-Vaulx (un Latécoère 28 avec des flotteurs) décolle de Saint-Louis au Sénégal pour Natal au Brésil (capitale de l'état du Rio Grande. A son bord, Jean Mermoz (1901-1936), le pilote, Jean Dabry (1901-1990), le navigateur/2ème pilote et Léopold Gimié (1903-1943), le radio.


C'est la première liaison aeropostale par m'Atlantique Sud.


Après 21 heures et 10 minutes de vol, l'équipage arrive sain et sauf à Natal - nous sommes le 13 mai 1930. Mermoz, par cette traversée réussie, prouve ainsi que le courrier peut-être transporté par avion d'un continent à l'autre.  Cela va révolutionner le monde postal et le monde aérien.


Revenons un tout petit peu sur cette traversée au travers de quelques documents de collection.
Je ne vais pas revenir sur la vie et la carrière de Jean Mermoz, disparu le 7 décembre 1936 (à l'avant-veille de son 35ème anniversaire) à bord de son hydravion La Croix du Sud dans l'Atlantique avec son équipage Alexandre Pichodou (1905-1936), copilote - Henri Uzan (1904-1936), navigateur, Edgar Cruveilher (1899-1936), rado et Jean Lavidalie (1902-1936), mécanicien. On ne retrouva ni l'avion ni l'équipage - la dernière communication radio fut << Coupons moteur arrière droit >>


Plein de littératures le feront mieux que moi (voir aussi une bibliographie non exhaustive en fin d'article). Mais, un petit et rapide survol biographique s'impose quand même.

(Edition de 1937)
(Edition de 1938)
(par Joseph Kessek, édition de 1941)
(par Joseph Kessel, réédition de 1966)
(Edition de 1986 préfacée par l'astronaute Patrick Baudry)
Jean Mermoz est né le 9 décembre 1901 à Aubenton (Aisnes). C'est une des figures légendaires de l'Aéropostale, de l'aviation française. Il était surnommé l'Archange, tant pour son charisme, sa beauté que son courage.

(Timbre de France émis le 22 avril 1937)

Il s'engage en 1920 dans l'Aviation à l'armée et il est intégré au 4ème Régiment du Bourget. Il postule à l'Ecole Militaire d'Istres et il obtient ses ailes de pilote le 9 février 1921. Il demande à rejoindre la Syrie, sous protectorat français, et rrive à Beyrouth d'abord, en septembre 1921.

Il revient en France en mars 1923 et est obligé de se mettre "au repos" car il a contracté le paludisme. En août, il intègre le 1er Régiment de Chasse à Thionville. Il est démobilisé zn juin 1924. De ces quatre années au sein de l'armée, il y gardera un << goût amer pour la chose militaire et son absurdité >> mais il y fera de grandes rencontres, des amis de toujours, comme Etienne ou Guillaumet. Mais malgré son "dégoût" de l'armée, il restera réserviste.

A sa sortie de l'armée, il galère (petits boulots) avant que Didier Daurat, alors patron des lignes Latécoère, ne l'engage comme pilote ôur transporter le courrier.

D'abord mécanicien, comme le veut la tradition, il est affecté à la ligne Toulouse - Barcelone sur Bréguet XIV.

(carte signée par l'artiste qui a dessiné le timbre ; Jame's Prunier)
Puis, il le sera sur la ligne Paris - Malaga avant d'être sur la ligne Casablanca - Dakar. Son ami Henri Guillaumet me rejoint chez Latécoère. Chaque tronçon est effectué par un pilote qui se pose sur une base (comme Cap Juby avec Saint-Exupéry) où il donne le courrier qui fera un autre tronçon, et ainsi de suite jusqu'à l'arrivée du courrier à destination. Une remise en place des relais-poste en quelque sorte, qui au lieu de se faire à cheval come avant, se font avec une nouvelle monture : l'avion !
Et comme avant, le courrier est prioritaire et doit arriver quoiqu'il en coûte - même la vie de pilotes ! Beaucoup, chez Latécoère, et plus à L'Aéropostale, y laisseront ma leur.

En mai 1925, victime d'une panne, il se pose au bord de la mer. Il est fait prisonnier avec son interprète, et les deux hommes seront libérés après paiement d'une rançon. Après deux mois de soins (il a eu peur d'être sourd), il reprend ses vols.

Les 10 et 11 octobre 1927, Jean Mermoz et Elisée Negrin (1903-1930), font, sans escale, la traversée Toulouse - Saint Louis du Sénégal à bord d'un Laté 26-R qu'ils ont baptisé, clin d'oeil à Lindbergh, le ''Spirit of Montaudran". Ils effectuent la traversée de 4 270 km en 23 heures 30 minutes.

La Compagnie Générale Aéropostale, qui a racheté Les Lignes Latécoère, envoie Jean Mermoz en novembre 1927 à Rio de Janeiro au Brésil, où en tant que chef-pilote, il aura pour rôle de développer de nouvelles liaisons en Amérique du Sud, en Patagonie, et au Chili.

Il développe des vols nuit (son premier en 1928) et le franchissement de la Cordillère des Andes.


Le 3 mai 1929, avec son mécanicien Alexandre Collenot (1902-1936) et le Comte Henry fr la Vaulx (1870-1930), il franchit la Cordillère des Andes et se pose au Chili d'un prototype, Laté-25 (dérivé d'un Laté-17). Le retour fût très compliqué et épique. Ce qui contribua à renforcer la légende Mermoz auprès du public.

En 1929, il  pense à une liaison entre la France - Dakar - Amérique du Sud. Pour cela, il faut traverser d'une traite l'Atlantique Sud. Il décide de relier deux des points les plus proches des deux continents (Afrique et Amérique du Sud), à savoir Saint-Louis au Sénégal et Natal au Brésil.

Les autorités françaises interdisent que les appareils volants terrestres (sic) ne volent au-dessus des océans. C'est pour cela que Jean Mermoz va employer un hydravion. En fait, ce sera un Laté-28 muni de flotteurs.
Il sera baptisé Comte-de-la-Vaulx en hommage à l'ami de Mermoz qui s'est tué le 10 avril 1930 dans un accident d'avion dans le New Jersey.

Et le 12 mai 1930, Jean Mermoz, Jean Dabry et Léopold Gimié décollent de Saint-Louis pour la première traversée de l'Atlantique Sud reliant Natal le lendemain après 21 heures 10 minutes de vol.
L'Archange a encore réussit un exploit - sa légende fait désormais partie de l'histoire !


Le retour a été, et c'est le moins qu'on puisse dire, véritablement très très très très compliqué !
Entre le temps, l'état de l'avion, une cinquantaine de tentatives est nécessaire pour un retour finalement en août. Et même là, à l'arrivée, l'hydravion coule.

La suite appartient au développement et à la légende de l'Aéropostale, et c'est une autre histoire !

Jean Mermoz, auréolé de gloire, continue de voler.
Il bat plusieurs records du monde et participe à de nombreux raids aériens, faisant de lui, une véritable légende vivante. Il teste de nombreux appareils dont le Cousinet 70.


C'est avec un Couzinet 70, baptisé Arc-en-ciel, qu'il retraverse une nouvelle fois l'Atlantique Sud, en décollant du Bourget et ralliant Santiago du Chili, puis Buenos Aires en Argentine (où il arrive le 22).


En 1933, il rejoint la compagnie Air France nouvellement créée en tant qu'inspecteur-général.

Entre 1930 1936, Jean Mermoz traversera à 23 reprises l'Atlantique Sud - il emmènera avec lui Maryse Bastié (1898-1952) au cours d'une de ses traversée.

Le 14 août 1936, la France émet deux timbres pour commémorer la traversée de l'Atlantique Sud pour ler courrier :

- 1,50 franc bleu-violet, qui correspond à la lettre simple pour l'étranger (jusqu'au 11 juillet 1937).
  Dessiné par Gabriel-Antoine Barlangue et gravé par Pierre Munier
  Gros tirage pour l'époque avec 8 millions d'exemplaires

- 10 francs vert-foncé, qui correspond à la lettre par avion jusqu'en Amérique du Sud.
   Dessiné par Gabriel-Antoine Barlangue et gravé par Antonin Delzers
   Tirage de 500 000 exemplaires (un des joyaux de la collection de France)


La ligne Europe-Afrique-Amerique du Sud prendra le nom de Ligne Mermoz.


Sa disparition le 7 décembre 1936 le transformera en mythe !

 Le 22 avril 1937, seulement 4 mois après la mort de Jean Mermoz (ce n'était jamais arrivé), la France émet deux timbres pour lui rendre hommage :

- 30c vert foncé, qui correspond à l'imprimé simple pour l'étranger
  Dessiné et gravé par Henry Cheffer et un tirage annoncé de 8,6 millions de timbres

- 3 francs violet, qui correspond au courrier par avion sur les lignes Air Bleu
  Dessiné et gravé par Gabriel-Antoine Barlangue et un tirage de 6,75 millions de timbres

(Rare carte-maximum d'Aubenton datée du 22 avril 1937)
Il existe un non-émis argentin de décembre 1937 (où il aurait dû sortir) qui ressemble étrangement au 30c de la France.


Après la mort de Jean Mermoz, il y a eu un ''déferlement'' d'hommages et de souvenirs en tous genres...

(Recueil de poésie et de musique de 1937)



(Disque 45T des années 60)


De nombreuses vignettes philatéliques, en complément d'un affranchissement timbres, ont été éditées par divers organismes et associations (succès garanti avec Mermoz en effigie).



La première traversée a été bien commémorer au fil des années, que ce soit en France, au Sénégal, au Brésil, au Chili, en Argentine, etc...


Et bien sûr Mermoz, sa vie, ses exploits ont été aussi timbrifiés bien après sa mort.

Pour la France, un nouveau timbre le 19 septembre 1970, avec Antoine de Saint-Exupery cette fois et en Poste Aérienne, avec une faciale de 20 francs dessiné et grav" par Jean Pheulpin (qui a signé l'enveloppe).


Puis de nouveau un timbre, le 4 décembre 1982, montrant cette fois l'hydravion Croix du Sud, dessiné et gravé par Jacques Combet (qui a aussi signé l'enveloppe). Le tarif était celui de la lettre simple non urgente pour la France. On remarque que les noms des 4 membres d'équipage y figurent, et c'est bien, car on avait tendance à les oublier, laissant croire au public que Jean Mermoz était seul lors de sa disparition.



En 2017 et en 2019, La Poste reprend dans le cadre de ses feuillets prestiges, ''Trésors de la philatélie'' pour le premier et ''Patrimoine de France'' pour le deuxième, deux des timbres consacrés à Mermoz. Le premier feuillet est émis à 15 000 exemplaires, le second à 10 000.


 De nombreux pays (notamment ceux concernés par les vols de Mermoz) ont émis un timbre, une série, voire plusieurs, pour le commémorer. Quelques exemples (liste bien sûr non exhaustive).


De nombreux rues, places, lieux publics, écoles portent le nom de Jean Mermoz en France, mais aussi à l'étranger.


Pour terminer (il y aurait tellement à dire, notamment sur l'aérpostale), la notoriété de Mermoz était telle en France qu'un paquebot de luxe de transport de voyageur a été baptisé Jean Mermoz au même titre que le Normandie ou le France.

(carte postale de 1972)
Sa construction a démarré fin 1955 sur les chantiers de Saint Nazaire (aux chantiers Dubigeon). Il est lancé le 17 novembre 1956. La marraine du Jean Mermoz était Michèle Hamaard, qui a été une amie de Mermoz. Il appartient alors à la Compagnie Fraissinet et Fabre. C'est Jean Fraissinet, fondateur, ancien pilote de chasse et ami de Mermoz qui choisît le nom.

Il commence ses essais sur la Loire en avril 1957 et est transféré par mer à Marseille en mai 1957 où il est accueilli et survolé par une escadrille de Mystère IV envoyée spécialement par l'Armée de l'Air.
Le navire assure la ligne Marseille à Pointe Noire (aujourd'hui au Congo) via Les Canaries et Madère.

Son premier voyage a lieu du 29 mai au 11 juillet 1957 sius les ordres du Commandant Reynaud, avec un énorme accueil à Dakar au Sénégal.

(carte postale de 1959)
(Programme d'une croisière en 1958)
En 1966, la Compagnie Fraissinet et Fabre et ses navires sont repris par La Nouvelle Compagnie de Paquebots (la concurrence de l'avion fait du mal au secteur maritime). Puis le paquebot sera repris par Mes Croisières Paquet. Fin 1969, le navire va être totalement rénové pendant plusieurs mois, aux chantiers Mariotti à Gênes. Il en sortira ''rajeuni'', avec sa silhouette blanche. Il va désormais sillonner la planète.

Le Jean Mermoz termine sa carrière vendu à un armateur grec (de Chypre). Il sera rebaptisé Serenade et transformé en casino flottant aux larges des côtes israéliennes avant d'être démantelé et détruit en 20085 sur les chantiers d'Alang en Inde (comme le France, pardon le Norway).

(courrier posté à bord de 1983)
Le 23 mai 2010 a eut lieu une vente aux enchères, chez Artcurial à Paris, concernant des objets du Mermoz, du France et du Normandie. Vente qui a eut un gros succès (j(ai quelques souvenirs sont la maison).

(catalogue de la ventes aux enchères Artcurial)
Et pour la fin de la fin, l'Aéro-Club de France possède sur un mur de son escalier qui monte au 2ème étage (fermé au public généralement), un superbe portrait de Jean Mermoz. C'est l'oeuvre de l'artiste français Henry Cheffer, le même qui a dessiné et gravé le timbre 30c vert Mermoz de 1937 (voir plus haut).
C'est une lithographie numérotée (275 exemplaires) que l'Aéro-Club de Frabce possède et elle est signée par l'artiste.
Ce portrait a eut un tel succès à l'époque que des lithographies ont été faites ainsi que des cartes postales.

(le dessin original d'Henry Cheffer)

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Anecdote personnelle : Ena fant (je devais avoir 10-11 ans), j'ai eu la chance de rencontrer Jean Dabry (il habitait Montmorency) et à la question posée << il était comment Mermoz ? >>? il m'avait répondu en souriant << il était aérien ! >> déclenchant chez moi une admiration (que peu connaisse) pour Jean Mermoz.

Bibliographie :

Outre les ouvrages des auteurs ''essentiels (Mermoz, Mortagne et Kessel) montrés plus haut, en voici d'autres vraiment très bien. Parmi ceux-ci, il y a les trois tomes de la revue Icare (n° 119 / 123 et 178).

(Edition de 1950 illustrée par Jean Parry)
(édition de 1986 avec une nouvelle édition en 2001)
(n° 470 de février 1986)
(édité en 1997=
(n° 172 d'octobre 1999 auquel j'ai modestement participé)
Crédit ; Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
            Space Quotes - Souvenirs d'espace
Sources : voir bibliographie

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