samedi 18 février 2012

20 février 1962 - 50ème anniversaire du vol orbital de John Glenn et de Friendship 7

Petite rétrospective sur les 50 ans du vol orbital de John Glenn.

John Glenn a été l'invité de mon site d'interviews et de rencontres Space Quotes - Souvenirs d'espace. Voici son interview



Nous sommes le 20 février 1962. L’astronaute américain John Glenn s’installe à l’intérieur de la capsule Friendship 7. Il espère enfin décoller. Prévu pour décembre 1961, ce vol tant attendu a déjà été repoussé plusieurs fois (11 fois).

Il est 14h47 (heure universelle) lorsque la fusée Atlas LV-3B, emportant la capsule Friendship 7 et John Glenn à son sommet, décolle du Pad de tir LC-14.

Le décollage est suivi avec attention, et même passion, par plus de 100 millions d’américains.

Après 2 min 24 sec, la tour de sauvetage est éjectée. Après 5 min (14h52 heure universelle), la capsule est en orbite. John Glenn devient le premier américain en orbite (après les 2 vols suborbitaux de Shepard et Grissom).

Le début de mission se passe parfaitement bien au début. John Glenn remplit parfaitement les objectifs demandés par le programme de vol. La vitesse orbitale est de 17 544 mp/h.
Photo prise par John Glenn lors de son vol
Lors de la première orbite, le moteur automatique chargé de l’orientation de la capsule tombe en panne. John Glenn corrigera manuellement durant tout le vol, les corrections d’ajustement de l’orientation, ce qui entrainera une consommation plus rapide que prévue du carburant.

Lors de la 2ème orbite, le Contrôle au sol remarque qu’un des indicateurs signale un dysfonctionnement. C’est le ‘’Segment 51’’. Il indique qu’il pourrait y avoir un problème avec le système d’atterrissage. Les verrous qui maintiennent le bouclier thermique contre la capsule sont déverrouillés. Seules les sangles du container des rétro-fusées maintiendraient encore le bouclier en place. Et les contrôleurs au sol décident de ne pas prévenir tout de suite John Glenn. Pensant que juste le container des rétro-fusées  pourrait sauver le retour, ils demandent à John Glenn de ne pas le larguer comme prévu lors de la phase de rentrée.
Photo du bouclier thermique et du pack rétrofusées d'une capsule Mercury (crédit photo : USAF)
Au cours de cette même orbite, John Glenn constate l’apparition de lucioles (fireflies) lumineuses autour du vaisseau. Cet étrange phénomène, ne trouvera d’explication que 3 mois plus tard, lors du vol de Scott Carpenter. Le même phénomène se produisant, on trouva l’explication : il s’agissait de petites particules d’ergols congelés qui s’échappaient des moteurs d’orientation.


De plus, il y avait une montée de température anormale de la combinaison spatiale et un taux excessif d’humidité dans la capsule. John Glenn devait aussi jongler avec ces paramètres.


A la 3ème orbite, il fût décidé le retour sur Terre de Friendship 7. John Glenn commence sa manœuvre de désorbitation à 04h33 de vol, au-dessus du Pacifique, à l’approche des côtes californiennes.  Traversant les Etats-Unis, John Glenn effectue son splashdown après 04h56 minutes de vol. D’après la NASA, le lieu exact d’amerrissage est 21°20′N 68°40′W / 21.333°N 68.667°W à  quelques 60 km de la zone prévue. Il sera recueillit par le destroyer USS Noa.


On s’aperçut, après examen de la capsule, que le problème du ‘’Segment 51’’ n’était qu’un simple défaut du capteur lumineux.


Le vol, malgré ces quelques soucis, a été un succès. John Glenn devint un héros.21.333; -68.667


Le début d’une ''John Glenn mania…''


La Poste américaine, avec le concours de la NASA, avait fait imprimer en avance des millions de timbres représentant la capsule Mercury, œuvre de l’artiste Charles Chickering. Des paquets entier, marqués Top Secret, furent distribués dans 305 bureaux de poste à travers les Etats-Unis. Ordre avait été donné aux Postmasters locaux (responsables des bureaux de poste), de ne pas ouvrir les paquets et de vendre les timbres, sans en avoir reçu l’autorisation. En fait, la Poste attendait le succès de la mission pour pouvoir vendre le timbre au public.

Ce qui fût fait… Les collectionneurs n’ayant pas été mis au courant avant, se trouvèrent donc un peu en retard pour acheter ces timbres le jour même et confectionner des Premier Jour. Seul, le bureau de poste de Cape Canaveral, reçu un cachet spécial 1er Jour (First Day Issue), les autres bureaux se contentèrent du simple cachet à date du jour.
(Enveloppe 1er Jour signée par John Glenn et par le Flight Director Chris Kraft)
(Document philatélique 1er Jour signé par le Flight Director Chris Kraft)
Il existe des plis datés du 20 février 1962 avec le cachet du navire de récupération USS Noa. Ce sont des plis que s’arrachent les collectionneurs, non avertis, car il s’agit d’enveloppes ‘’backdated’’, c'est-à-dire, qu’elles ont été antidatées, car il était impossible pour ce navire, qui était en mer depuis plusieurs jours, d’avoir les timbres en avance. Le navire est revenu au port le 23 février, et donc, c’est seulement à partir de cette date, que les enveloppes de ce navire purent être affranchies avec ce timbre.
(Enveloppe de l'USS Noa ''Backdated'', signée quand même par John Glenn)
(Le 23 février est la première véritable date du cachet de l'USS Noa avec un timbre Mercury)
Beaucoup de collectionneurs cherchent à rassembler la série d’enveloppes affranchies des 305 bureaux de poste officiels, et non officiels (car des collectionneurs ont pu poster des plis d’autres villes ce jour-là). A ma connaissance, il n’y aucun collectionneur qui ai réussit. Pour ma part, il m’en manque une bonne centaine…
(Cachet d'Anacortes et enveloppe signée par John Glenn)
(Cachet de Bay City dans le Michigan)
(Cachet de Buffalo dans l'état de New York)
(Cachet de Hamburg dans l'état de New York)
(Cachet d'Honolulu à Hawaii)
(Cachet de Kokomo dans l'Indiana)
(Cachet de San Francisco en Californie)
Régulièrement, lors de chaque commémoration du vol, des cachets spéciaux sont créés.

(Les cachets postaux commémoratifs prévus pour ces 50 ans / Source USPS)


La capsule Friendship 7 est aussi l’objet de toutes les attentions. Celle-ci est exposée à Washington D. C au NASM avec la combinaison spatiale utilisée lors de ce vol.
(Capsule et combinaison au NASM / Crédit Photo : Stéphane Sebile / Spacemen1969)
(John Glenn au NASM en 2001 pour les 40 ans de Friendship 7)
Il y eu une multitude d’objets, de livres, de revues, et autres objets prisés des collectionneurs, relatant la mission Friendship 7.

(Livret de la NASA de 1964)
(Disque de 1962 avec les enregistrements audios de la mission)
(Peinture murale du Neil Armstrong Air and Space Museum à Wakaponeta)
(Crédit Photo : Stéphane Sebile / Spacemen1969)

(Publicité française de 1962)
(Quelques Patchs commémoratifs de la mission) 
(De nombreux jouets ont commémorer la mission de John Glenn)

En 1964, John Glenn publie un livre où il rassemble quelques unes des plus belles lettres reçues après son vol : I listened to your heartbeat, letters to John Glenn.

Ainsi que John Glenn…

John Glenn est un des rares héros contemporains américains, aux yeux des ... américains.

Revenons un peu sur la vie hors du commun de John Glenn.

Né le 18 juillet 1921 dans l’Ohio à Cambridge, John Glenn grandit à New Concord, toujours dans l’Ohio. Il passe très tôt sa licence de pilote d’avion privé. Après l’attaque de Pearl Harbour, il quitte l’Université et s’enrôle dans l’US Army Air Corps. Après une formation dans la Navy comme pilote, il est muté en 1943 dans l’US Marine Corps, où il effectue près d’une soixantaine missions de combat dans le Pacifique. Après la guerre, il effectue 2 campagnes en Corée où il obtient le surnom de Mig Mad Marine (son F-86F sera peint à ses couleurs).

Il devient pilote d’essais après une formation à Patuxent River.


Le 16 juillet 1957, le premier vol transcontinental supersonique aux USA entre Los Alamitos (Californie) et Floyd Bennett Field (New York) en 3 heures 23 minutes à bord d’un Vought F8U-1 Crusader. Ce qui lui vaut une certaine notoriété.

En avril 1959, il est sélectionné dans le 1er groupe d’astronautes de la NASA. Il devient le premier américain en orbite à bord de Friendship 7 le 20 février 1962, et devint un véritable héros.

Il quitte la NASA en janvier 1964. Par la suite, il se lance en politique, devient sénateur de l’Ohio, est pressenti pour être le candidat de son parti aux élections présidentielles de 1984, et revole dans l’espace 36 ans après son vol historique, lors de la mission STS-95 en octobre 1998… mais c’est une autre partie de sa vie, à laquelle nous reviendrons plus tard…
(Les Mémoires de John Glenn sont parues en 2000)