samedi 24 août 2013

22 août 1963 - Plus haute altitude atteinte par un X-15 / Les 50 ans des vols spatiaux de Joe Walker


(Crédit : Collection Stéphane Sebile / Space Quotes - Souvenirs d'espace)

Le 22 août 1963, Joe Walker à bord du X-15 (le n°3) effectue le 91ème vol du programme d'essais.

Il atteint la plus haute altitude jamais obtenue par le X-15 lors de ce programme avec 354 200 pieds soit 107 960 m (quasiment 108 km).
Pour ce faire, il aura fallu également à Joe Walker atteindre une vitesse de Mach 5,58 soit 6 105 km/h.

(Enveloppe signée par le pilote Joe Walker)
Moins d'un mois avant, le 19 juillet, Joe Walker avait déjà atteint une altitude de 106 km (90ème vol du X-15). C'était son deuxième vol spatial ailé.


Et quelques mois avant encore, le 17 janvier 1963, il effectuait son premier vol ''spatial'' (au-dessus des 80 km (50 miles) d'altitude selon le critère de l'US Air Force) avec une altitude de 82 km (77ème vol du X-15).
Même si officiellement, il n'a pas eu le droit aux ailes d'astronautes à cause de son statut de civil, une enveloppe commémorative a été éditée le 28 juin 1963.
Mais comme il était civil, et non militaire, il n'a pas eu le droit d'avoir le titre d'astronaute officiellement. Injustice réparé en 2005, près de 40 ans après sa mort accidentelle.
Joe Walker peut s'enorgueillir de plusieurs records avec ses 3 vols spatiaux en X-15. Notamment, celui d'avoir effectué ''trois vols spatiaux'' en 8 mois dont deux en l'espace d'un mois.

Son record d'altitude ne sera battu que le 4 octobre 2004 par SpaceShipOne lors du deuxième vol qualificatif X-Prize, avec Brian Binnie (111 km).

jeudi 22 août 2013

Le Robot rover planétaire LAMA du Musée des Arts et Métiers à Paris


Programme méconnu, objet ''oublié'' même des passionnés, le LAMA a pourtant de quoi séduire.

Le prototype se trouve au Musée des Arts et Métiers à Paris.


(Crédit photos : Stéphane Sebile / Space Quotes - Souvenirs d'espace)



En 1995, Alcatel Space Industries acquiert un châssis Marsokhod auprès de VNII Transmash qui l’a conçu au début des années 1990 pour l’exploration de Mars.
Ce Marsokhod prend alors le nom de LAMA pour Lavochkin Alcatel Model Autonomous.

Le LAMA est mis à disposition du Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes (LAAS) qui est un des grands laboratoires de recherche du Centre National de Recherche Scientifique (CNRS).
Le LAAS a été créé en 1968 et portait alors le nom de Laboratoire d’Automatique et de ses Applications Spatiales (LAAS) et est situé à Toulouse, sur le complexe spatial de Lespinet.

Le Marshokhod était un prototype de rover martien tous-terrains développé par les russes dans le cadre des projets Mars 4NM et Mars 5NM.
Ces projets étaient deux sondes martiennes dont le but final était un retour d’échantillon martien.
Selon les plans de l’exploration spatiale russe en 1970, ces sondes martiennes auraient dû être lancées après 1973 par la fameuse fusée N-1. Mais le projet fût abandonné en 1974, en même temps que l’abandon de la N-1, qui ne vola jamais.

Cette mission martienne était composée en deux parties : La première partie, Mars 4NM aurait déposé le Marsokhod sur la surface martienne, et dans un second temps, la mission Mars 5NM aurait récupéré les échantillons martiens et serait revenue sur Terre pour 1975.

Le châssis constituant le LAMA est un châssis construit aux débuts des années 1990 par Lavochkin basée sur les plans du Marsokhod prévu pour la mission Mars 4NM.

Lors de son acquisition, le LAMA est seulement un châssis tous-terrains avec six roues sur essieux mobiles indépendants, et livré avec une boite bleue au-dessus de celui-ci, boite qui est le centre de commandes d’actions simples pour avancer en ligne droite et pour des virages simples. Ces actions de manœuvrabilité sont à deux vitesses.

 
A la fin de 1995, Alcatel ajoute une boussole magnétique et un inclinomètre à deux axes.
Sont également ajouté deux tableaux de contrôles avec processeurs Motorola de 68040 et Power PC, pour mieux contrôler les mouvements du rover et collecter des informations afin d’anticiper ceux-ci (sur Mars, le temps de réception des ondes radio avec la Terre est de près de 20 min).

Début 1996, le LAMA arrive au LAAS.
Plusieurs équipements sont ajoutés comme un laser-scanner deux axes qui n’a jamais vraiment bien fonctionné.
Les roues sont équipées d’un encodeur optique haute résolution.
La boite de contrôle bleue a été changée pour laisser place à un tableau de contrôle des mouvements beaucoup plus performant.
Deux petites caméras, en stéréovision 3D couleur, montées en haut d’un mât, collectent les images.
Les batteries sont également transformées et changées, notamment celles des roues.
Un deuxième récepteur d’images noir & blanc est installé à l’avant.
Un gyroscope, odomètre, inclinomètre sont également installés.

 
Fin 1997, le LAMA commence vraiment à ressembler à un véritable rover.

En 1997, le petit rover martien de la  NASA Sojourner se retrouve bloqué sur la surface martienne par un rocher.
Le LAAS prend alors la décision d’améliorer le système de guidage du LAMA en adjoignant à celui-ci une sorte de compagnon qui l’aidera à se déplacer et à prendre ‘’seul’’ certaines décisions. La boussole est donc remplacée par un gyromètre à fibre optique et un GPS est installé afin de calculer les trajectoires en fonction de la localisation.
Pour ce faire, bien sûr, il faudra un satellite en orbite qui suive le LAMA.

 

Savoir se localiser et anticiper ses mouvements dans un environnement inconnu est obligatoire pour un futur rover explorateur. C’est ce que l’on appelle un rover autonome.
De plus, le LAMA était capable de se composer une carte au fur et à mesure de ses déplacements. Il était capable de faire la différence entre deux points précis.

A la fin du programme, les ingénieurs avaient commencé à mettre au point un système qui permettait au LAMA de pouvoir distinguer et interpréter certaines couleurs, et ainsi pouvoir mieux se mouvoir sur une surface inconnue.

Il a aussi été testé des opérations entre le LAMA et un ballon KARMA (pour un projet de robots volants Robea), où le ballon cartographiait les lieux et les transmettait au LAMA au sol afin d’améliorer sa progression. On voit ici que l’intérêt spatial du LAMA peut trouver des applications bien terrestres comme pour des opérations militaires ou pour l’incendie (feux de forêts, etc…).

Le programme d’étude du LAMA prend fin en 2002.

 

vendredi 16 août 2013

Street Space Art à Chevilly-Larue (1) - Val de Marne



Nous continuons notre voyage et la découverte du Space Art dans nos villes et nos rues.
Et comme je le dis souvent, on trouve du Space Art dans toutes les villes, il suffit de chercher, de regarder…
 
Et on peut même le trouver au pied de sa maison, comme je viens de le faire.
 
A une dizaine de mètres de mon domicile, se trouve le Service Municipal de la Jeunesse (SMJ) de la ville de Chevilly-Larue. Cette structure propose aux jeunes diverses activités culturelles, sportives, musicales, et aussi l’aide à la création de projets.
 
Dans la cour se trouve une sorte de préau et sur les murs une fresque était peinte depuis quelques années. Il a été décidé de la remplacer durant les vacances d’été.
 
 
C’est un groupe de jeunes chevillais qui a conçu le projet de la nouvelle fresque. Le thème était l’égalité entre les femmes et les hommes.
 
Après plusieurs propositions et avoir débattu du sujet, il s’est trouvé que le métier qui actuellement représentait le mieux cette égalité femme-homme, était le métier d’astronaute.
Je dis bien actuellement, car on sait que l’égalité dans ce métier n’était pas de mise au début de la conquête spatiale.
Il s’agit également d’une représentation de l’égalité, non pas dans le nombre (car il n’y a eu pour l’instant qu’une cinquantaine de femmes pour environ 460 hommes dans l’espace), mais une égalité au niveau des responsabilités et des fonctions au niveau d’une mission spatiale.
Aujourd’hui, une femme et un homme ont le même rôle lors de ces missions spatiales, et aucune différence n’est faite entre eux.
 
À partir de là, le thème spatial étant trouvé, il ne restait plus qu’à réaliser la fresque.
 
L’artiste peintre, issu du Street Art, Rémy Gomis a conçu la nouvelle fresque qui a été peinte à la bombe de peinture par les jeunes qui se sont aussi et ainsi initiés à l’art du graph et de la peinture à la bombe, notamment les dégradés de couleurs ou la composition de l’œuvre.
 
Voici donc cette œuvre qui représente deux des symboles de la conquête et de l’exploration spatiales par l’homme : l’alunissage sur la Lune et une navette spatiale.
Il ne s’agit pas, bien sûr, d’une représentation historique et détaillée de ces missions mais d’un hommage à l’égalité homme-femme.
L’astronaute au premier plan est une femme marchant sur la Lune.
Je remercie Rémy Gomis et Christian Dumont du CMJ pour leurs explications et renseignements au sujet de cette fresque.

(Crédit Photos : Stéphane Sebile / Space Quotes - Souvenirs d'espace)

dimanche 4 août 2013

30 juin 1973 - Concorde et l'éclipse totale du Soleil - 40ème anniversaire



L'ECLIPSE TOTALE DU SOLEIL DE 1973 ET LE CONCORDE


Le 30 juin 1973, eut lieu une des plus grandes éclipses totales du Soleil.
Elle faisait partie d’une série d’éclipses parmi les plus longues (en astronomie, on parle du groupe Saros 136 qui désigne le groupe de 136 éclipses les plus longues entre 1360 et 2622 se produisant en moyenne tous les 18 ans = celle de 1975 est la 35ème du groupe).

Pour les observateurs au sol, cette éclipse du 30 juin 1973, allait d’une bande de l’Amérique du Sud (début d’éclipse vers Kourou) à l’Afrique (éclipse totale) et a été observable pendant 7 minutes (fin d'éclipse au-dessus de Madagascar).

Grâce au Concorde qui vole plus vite que la vitesse de rotation de la Terre, une équipe d’observateurs munis d’instruments particuliers ont pu observer la même éclipse pendant 74 minutes. Pendant cette observation, le Concorde volait à une vitesse de 2 100 km/h.
(Pour information, celle de 1999, était aussi une éclipse totale mais de très courte durée, et elle ne faisait pas partie du groupe Saros 136).
 
(Série commémorative émise en 1973 par le Sénégal)
 
Dès le début de l’aviation, les astronomes ont compris l’intérêt de l’avion pour augmenter la durée d’observation des éclipses.

La première observation officielle d’une éclipse par avion date du 17 avril 1912 au-dessus de Paris avec un appareil Voisin.

En 1923, l’US Navy fait voler 16 avions répartis de telle façon qu’ils suivront l’ombre lunaire.

Depuis, les vols se scientifiques se sont multipliés avec des aménagements spécifiques d’avions.
Au début des années 1970, on commence à installer des télescopes, notamment pour la recherche en infra-rouge, à bord des appareils (l’astronaute Claude Nicollier préparera les missions d’observations par télescope à bord de la future navette spatiale entre les années 1974 et 1979, à bord d’une Caravelle.

C’est en 1972, qu’un astronome de l’Observatoire de Paris, propose d’utiliser le Concorde et sa vitesse, pour observer l’éclipse du 30 juin 1973.

L’idée fait un ‘’tabac’’, et le projet est mis en route.
On utilisera donc le Concorde 001, le prototype des premiers essais.
Ce sera André Turcat le pilote.
La préparation de ce vol est minutieuse. André Turcat et Henri Perrier, ingénieur en chef du programme Concorde s’occupe de calculer la trajectoire.
Le financement est assuré par le SNIAS (maitre d’œuvre du Concorde) et le CNES, le CNRS avec la DGRS.

Il faudra faire des modifications sur le Concorde et fabriquer et/ou améliorer des appareils scientifiques et d’observation spéciaux.

Le 30 juin, l’équipage du Concorde 001 décolle de Las Palmas aux Canaries avec comme équipage :
André Turcat, Pilote
Jean Dabos, Co-pilote
Henri Perrier, Chef-ingénieur
Jean Conche, ingénieur
Hubert Guyonnet, Radio-navigateur
Michel Rétif, Mécanicien d’essais

Et une équipe scientifique internationale de 8 personnes :
John Beckman, du Queen Mary College de Londres (Grande-Bretagne)
Jean Bégot, de l’Institut Astrophysique / CNRS de Paris
Pierre Charvin, Institut National d’Astronomie et de Géophysique / CNRS de Paris
Donald Hall, de l’Observatoire de Kitt Peak, en Arizona (USA)
Pierre Léna, de l’Observatoire de Paris et de l’Université Paris Sud
Donald Liebenberg, de Los Alamos Scientific Laboratories, au Nouveau Mexique (USA)
Alain Soufflot, Laboratoire de physique stellaire et planétaire / CNRS de Verrière-le-Buisson
Alain Wraight, de l’Université d’Aberdeen (Ecosse)

 
Le vol est une réussite complète. L’équipage arrive à atteindre, à la seconde près, le lieu de rendez-vous du début de l’ombre de la Lune, et donc du début de l’éclipse. Le Concorde vole à une altitude de 17 000 mètres.

 
L’observation de l’éclipse totale par le Concorde sera donc de 74 minutes…

Partis de Las Palmas aux Canaries, Concorde et son équipage atterriront à Fort Lamy (aujourd’hui N’Jamena) au Tchad.

Pour commémorer le 40ème anniversaire de cette éclipse et du vol du Concorde, le Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget, organise depuis le 30 juin dernier, une exposition permanente commémorative dans le Hall Concorde.


Vous y trouverez plusieurs objets originaux comme des plans de vol, photos et instruments scientifiques utilisés.

André Turcat et plusieurs membres de son équipage et de l’équipe d’observation étaient présents ce 30 juin pour l’inauguration de l’exposition.

Parmi les instruments présentés, se trouve, l’IAP (comme Institut d’Astrophysique de Paris) qui était une expérience photographique avec un télescope à deux focales (1,50 et 3,00 mètres).
Le télescope était fixée sur une monture spéciale anti-vibrations et plusieurs appareils photos (dont un de 250 vues) était fixés également.
Un hublot spécial a été aménagé dans le haut du fuselage.


Et pour terminer, on peut voir également de chaque côté du fuselage du Concorde, le logo de cette mission.
 
 
(Série commémorative émise par la Mauritanie en 1973)

(Une des croisières organisées pour le suivi de l'éclipse)

(conférence commémorative par André Turcat)