dimanche 15 septembre 2013

Les satellites militaires américains Milstar et AEHF


Le 18 septembre prochain est prévu le lancement depuis Cape Canaveral du satellite AEHF-3 par une Atlas 5. Ce sera le 3ème satellite AEHF en service destiné à des communications militaires ultra-sécurisées.

 
Revenons un peu sur cette ‘’série - constellation’’ de satellites destinés à remplacer le système Milstar.

 
Il y a 30 ans débutait le début du programme Milstar (MILitary Strategic and Tactical Relay), programme de télécommunications ultra-sécurisées avec anti-brouillage de l’armée américaine.


Un programme de communication militaire globale, d’interception de données quasi nulle, avec anti-brouillage et de fonctionnement optimale même en cas d’attaques nucléaires.

C’est Lockheed Martin qui remporta ce contrat et qui fournit à l’armée américaine les 5 satellites qui composent Milstar.

 
Ce système de communications est actuellement le plus avancé des systèmes de communication par satellite. C’’est également un système conjoint car utilisé par les différentes forces de l’armée américaine (US Air Force, S Navy, US Army, US Marines Corp).
 
Les Milstar cryptent les voix, les communications, les fax, et peuvent transmettre ces communications à l’une ou plusieurs des organismes de l’armée américaine simultanément, ce qui représente sa grande force.

Développé sous la guerre froide et avec à l’origine une commande de 8 satellites, le Congrès réduisit le nombre à 6, et le rôle que devait avoir Milstar changea un peu pour s’adapter à la nouvelle géopolitique.

Le coût des Milstar est de 800 millions de dollars pièce.

Il y avait à l’origine 6 satellites de programmés mais le 3ème Milstar n’atteint pas l’orbite prévue.

Les satellites Milstar sont de gros satellites d’environ 4,5 tonnes en orbite géosynchrone à 41 200 km, tous lancés par une Atlas IB avec étage supérieur Centaur.

Utilisés comme répartiteur téléphonique, les satellites Milstar traitent les communications et peuvent se les transmettent les uns aux autres, réduisant ainsi de façon plus que notable les stations au sol, ce qui constitue un sacré avantage. Le système est géré en entier par quelques stations fixes et mobiles seulement.

 
La durée de vie de ces satellites était annoncée pour 10 ans.

Les cinq satellites ont tous des transmetteurs de données à vitesse lente (voix, données, fax, …) et trois d’entre eux ont également un transmetteur de données à vitesse moyenne.

Les liaisons montantes se font en bande Q et les descendantes en bande Ka.

Les satellites sont pourvus de deux panneaux solaires générant 8kw.
 
On peut diviser le système Milstar en trois parties :

- La gestion des satellites proprement dite est assurée par le MILSATCOM appartenant à l’Air Force Space Command, et est basée à la Los Angeles Air Force Base en Californie.
Elle s’occupe du développement, acquisition et du contrôle de mission.

- L’Electronic Systems Center, basé à Hanscom Air Force Base au Massachussetts, s’occupe du développement et de l’acquisition des terminaux de contrôle.

- 148th Space Operation Squadron, basé à Vendenberg et le 4th Space Operations Squadron sur la base de Schriever, en Californie, s’occupent de la gestion des charges de communications et du contrôle en temps réel des satellites.

 
 
Chronologie des lancements des satellites Milstar :

Après plusieurs essais entre 1983 et 1994, dont des essais sur le FLTSATCOM 7 de l’US Navy, le premier des six Milstar, Milstar I-F1 décolle 7 février 1994.

 

Le 6 novembre 1995, Milstar I-F2 est mis en orbite.

C’est deux satellites constituent la première génération Milstar.

Après l’échec du troisième Milstar le 30 avril 1999, les trois autres Milstars nouvelle génération durent lancés le 27 février 2001, 16 janvier 2002 et 8 avril 2003.

 
 
C’est en 2001, que commence l’étude de remplacer les Milstar. Le programme AEHF est né.

 
Ces satellites ont une puissance de dix fois supérieure aux Milstar 2ème génération.

C’est encore Lockheed Martin qui gagne le contrat, avec cette fois-ci, Northrop Grumman.

Les satellites AEHF (Advanced Extremely High Frequence) remplacent donc les Milstar.

Ils sont toujours gérés par l’Air Force Space Command, mais outre les communications entres les différentes armes de l’armée américaine, ils sont également conçus pour être utilisés par l’armée britannique, l’armée canadienne et l’armée néerlandaise.

De plus, les communications en bande montante et descendante sont de beaucoup supérieures à celle utilisées pour les Milstar : bande EHF en montante (44 GHz) et bande SHF en descendante (20 GHz).

La flotte prévue est de six satellites géostationnaires et le lancement du 18 septembre 2013 sera celui du 3ème (AEHF-3). Cette flotte de six satellites couvrira intégralement la Terre en orbite géosynchrone entre les latitudes 65° nord et 65° sud.

Des tests concluants de liaisons entre les armées des USA, du Canada et des Pays-Bas ont eu lieu en juillet dernier.

La possibilité de communiquer simultanément entre alliés est d’une importance stratégique importante pour les opérations militaires conjointes actuelles et futures.

Les tests ont eu lieu avec les deux premiers satellites AEHF-1 et AEHF-2 en orbite.

Le premier satellite AEHF-1 a été mis lancé le 14 août 2010 par une Atlas V depuis Cape Canaveral avec plusieurs années de retard sur le planning prévu. Il pèse 6 168 kg. Il a eu quelques soucis pour atteindre son orbite géostationnaire.

AEHF-2 est lancé le 4 mai 2012, toujours par une Atlas V depuis Cape Canaveral.

La durée de vie annoncée est d’au moins 14 ans.

(Décollage AEHF 2)
 
 

jeudi 12 septembre 2013

Israël et sa politique spatiale militaire


Dans quelques jours, nous fêterons le 30ème anniversaire de la création de l’Agence Spatiale Israélienne (ISA).

 
Il est temps de faire un petit récapitulatif du programme spatial militaire israélien et de voir quelle est la vision actuelle de ce programme.

Il y a quelques jours (le 31 août), en presque toute discrétion, les Industries Aérospatiales Israéliennes (IAI = Israel Aerospace Industries), plaçait avec succès en orbite le satellite de télécommunications AMOS-4 par un lanceur russe Zenit.

IAI est le fleuron de l’industrie militaire israélienne et ce succès est très important, non seulement pour IAI, mais pour Israël en général.

 

AMOS-4 est quand même le plus grand et le plus sophistiqué de tous les satellites de télécommunications lancés par Israël.

AMOS-4, qui devrait être pleinement fonctionnel d’ici deux mois, assurera les télécommunications DHT, VSAT et Internet sur l’Asie Centrale et du Sud-Est, les territoires de Russies et le Moyen-Orient.

 
Même si peu d’informations officielles ont filtrées, (il faut dire que les tirs d’essais en Méditerranée du 3 septembre ont permis ‘’de détourner’’ l’attention des médias sur ce lancement), on sait  que l’espace, et les questions relatives au spatial sont essentielles pour la sécurité d’Israël.

Depuis quelques années, l’espace et donc la suprématie technologique dans l’espace, est pour Israël, l’élément central dans leur conception de la guerre du futur.

Avec le lancement du 1er satellite israélien (militaire) Ofek le 19 décembre 1988 par lanceur maison (Shavit), Israël est devenue la neuvième puissance spatiale au monde.

A ce jour, Israël dispose de trois satellites de reconnaissance militaire, construits par IAI :

Ofek-5 lancé le 28 mai 2002

Ofek-7 lancé le 11 juin 2007

Ces deux satellites ont été placés sur une orbite spéciale, dite ‘’rétrograde’’ qui permettait en cas d’échec au lancement, que les débris de ceux-ci ne retombent pas chez des supposés ennemis.
Ces deux satellites ont tous les deux des caméras de très haute résolution (80 cm pour Ofek-5 et 50 cm pour Ofek-7)

Ofek-5 est vraiment en fin de vie. Sa durée initiale était de 4 ans, mais son remplaçant Ofek-6 s’est abîmé en Méditerranée suite à un non-allumage du 3ème étage lors de son lancement le 6 septembre 2004.
Ces satellites pèsent environ 300kg et ont pour rôle supposé la surveillance de l’Iran et plus particulièrement de ses installations nucléaires entre autre.

TecSAR (aussi appelé TechSAR) lancé le 21 janvier 2008 depuis le cosmodrome indien Satish Dhawan au sommet d’un lanceur PSLV-CA.

Le TecSAR est capable de fournir des images en très haute résolution allant jusqu’à 10 cm à travers une imagerie radar (X-Band).

Il pèse moins de 300 kg et est en orbite géocentrique.

 
En regardant de plus près ces trois satellites, on s’aperçoit que ce sont des petits satellites ultra-performants, de faibles dimensions et de faibles poids. On peut voir le dimensionnement d’Israël concernant ce que nous avons nommé plus haut la suprématie technologique dans l’espace par l’utilisation de micro-satellites.

Depuis 1988, Israël a aussi lancé plusieurs satellites de télécommunications à des fins civils et militaires.

3  satellites de la famille AMOS sont lancés entre 1996 et 2008 :

AMOS-1, lancé le 16 mai 1996 par une Ariane 44L depuis Kourou, est le premier satellite de télécommunications israélien. Il a fonctionné jusqu’en 2009 avant d’être racheté par Intelsat et devenant ainsi Intelsat 24.

AMOS-2, lancé le 28 décembre 2003 depuis Baïkonour par une Soyouz. Sa durée de vie est de 12 ans environ.

AMOS-3, est lancé le 28 avril 2008 depuis Baïkonour par une Zenit.

AMOS-4, dont nous venons de parler lancé le 31 août 2013.

AMOS-5, lancé le 11 décembre 2011 par une Proton depuis Baïkonour.


Il y a également la classe EROS (Earth Resources Observation Satellite) de satellites d’observation de la Terre qui sont aussi de faibles tailles et d’un poids aux alentours de 250 kg gérés par la société israélienne ImageSat.

A l’origine, il était prévu un lancement d’EROS tous les 6 ans.

EROS A, lancé le 5 décembre 2000 depuis le complexe russe de Svobodny par un Start-1. Il a été fabriqué à partir des plans du satellite militaire Ofeq-3. Il avait une résolution en imagerie d’environ 1,80 mètre.

EROS B, lancé le 25 avril 2006, toujours de Svobodny et par un Start-1. Il a une résolution de 70 cm, et avait aussi un rôle de surveillance des installations nucléaires iraniennes.
Le satellite est en orbite géosynchrone autour de la Terre à 480 km, ce qui un excellent instrument de veille stratégique.

Un EROS C est prévu, mais sans date annoncée. ImageSat a annoncé 3 satellites de plus pour couvrir la totalité de la planète avec ces six satellites.

 
Il y a plusieurs projets de micro-satellites pour le futur :

Insat-1 et Insat-2 en cours de développement par l’Israeli Nano Satellite Association (INSA) qui sont des nanosatellites de moins de 10kg.

OPSat qui est une nouvelle génération de satellite d’observation à haute résolution

TAUVEX qui était un projet de télescope spatial en collaboration avec l’Inde, et qui a été abandonné fin 2012, après un désaccord entre les deux pays et le refus de l’agence spatiale indienne (ISRO) de lancer le télescope.

Venus, projet de microsatellite d’observations sientifiques de la Terre, qui serait développé avec différents agences gouvernementales israélienne et le CNES
Et parmi ces agences gouvernementales, il y a Rafael (=Autorité pour le développement des armements) qui a été désignée par l’Armée de l’Air pour développer plusieurs gammes de microsatellites pouvant être lancés depuis des avions.

En janvier 2010, l’Armée de l’Air israélienne a choisi de concentrer une bonne partie de ses efforts sur ce programme qui montre bien cette nouvelle dynamique spatiale qui s’est engagée en Israël.

L’utilisation de ces microsatellites de très petites tailles, d’un poids d’environ 100-120 kg, permettra de recueillir des informations très précises sur des cibles données. Leur faible hauteur d’orbite (environ 300 kg) et la rapidité de recueil de ces informations, vont accentuer et augmenter le savoir-faire d’Israël dans la technologie spatiale.

Ce projet militaire de microsatellites lancés par avion est prévu pour aboutir en 2015.