jeudi 12 septembre 2013

Israël et sa politique spatiale militaire


Dans quelques jours, nous fêterons le 30ème anniversaire de la création de l’Agence Spatiale Israélienne (ISA).

 
Il est temps de faire un petit récapitulatif du programme spatial militaire israélien et de voir quelle est la vision actuelle de ce programme.

Il y a quelques jours (le 31 août), en presque toute discrétion, les Industries Aérospatiales Israéliennes (IAI = Israel Aerospace Industries), plaçait avec succès en orbite le satellite de télécommunications AMOS-4 par un lanceur russe Zenit.

IAI est le fleuron de l’industrie militaire israélienne et ce succès est très important, non seulement pour IAI, mais pour Israël en général.

 

AMOS-4 est quand même le plus grand et le plus sophistiqué de tous les satellites de télécommunications lancés par Israël.

AMOS-4, qui devrait être pleinement fonctionnel d’ici deux mois, assurera les télécommunications DHT, VSAT et Internet sur l’Asie Centrale et du Sud-Est, les territoires de Russies et le Moyen-Orient.

 
Même si peu d’informations officielles ont filtrées, (il faut dire que les tirs d’essais en Méditerranée du 3 septembre ont permis ‘’de détourner’’ l’attention des médias sur ce lancement), on sait  que l’espace, et les questions relatives au spatial sont essentielles pour la sécurité d’Israël.

Depuis quelques années, l’espace et donc la suprématie technologique dans l’espace, est pour Israël, l’élément central dans leur conception de la guerre du futur.

Avec le lancement du 1er satellite israélien (militaire) Ofek le 19 décembre 1988 par lanceur maison (Shavit), Israël est devenue la neuvième puissance spatiale au monde.

A ce jour, Israël dispose de trois satellites de reconnaissance militaire, construits par IAI :

Ofek-5 lancé le 28 mai 2002

Ofek-7 lancé le 11 juin 2007

Ces deux satellites ont été placés sur une orbite spéciale, dite ‘’rétrograde’’ qui permettait en cas d’échec au lancement, que les débris de ceux-ci ne retombent pas chez des supposés ennemis.
Ces deux satellites ont tous les deux des caméras de très haute résolution (80 cm pour Ofek-5 et 50 cm pour Ofek-7)

Ofek-5 est vraiment en fin de vie. Sa durée initiale était de 4 ans, mais son remplaçant Ofek-6 s’est abîmé en Méditerranée suite à un non-allumage du 3ème étage lors de son lancement le 6 septembre 2004.
Ces satellites pèsent environ 300kg et ont pour rôle supposé la surveillance de l’Iran et plus particulièrement de ses installations nucléaires entre autre.

TecSAR (aussi appelé TechSAR) lancé le 21 janvier 2008 depuis le cosmodrome indien Satish Dhawan au sommet d’un lanceur PSLV-CA.

Le TecSAR est capable de fournir des images en très haute résolution allant jusqu’à 10 cm à travers une imagerie radar (X-Band).

Il pèse moins de 300 kg et est en orbite géocentrique.

 
En regardant de plus près ces trois satellites, on s’aperçoit que ce sont des petits satellites ultra-performants, de faibles dimensions et de faibles poids. On peut voir le dimensionnement d’Israël concernant ce que nous avons nommé plus haut la suprématie technologique dans l’espace par l’utilisation de micro-satellites.

Depuis 1988, Israël a aussi lancé plusieurs satellites de télécommunications à des fins civils et militaires.

3  satellites de la famille AMOS sont lancés entre 1996 et 2008 :

AMOS-1, lancé le 16 mai 1996 par une Ariane 44L depuis Kourou, est le premier satellite de télécommunications israélien. Il a fonctionné jusqu’en 2009 avant d’être racheté par Intelsat et devenant ainsi Intelsat 24.

AMOS-2, lancé le 28 décembre 2003 depuis Baïkonour par une Soyouz. Sa durée de vie est de 12 ans environ.

AMOS-3, est lancé le 28 avril 2008 depuis Baïkonour par une Zenit.

AMOS-4, dont nous venons de parler lancé le 31 août 2013.

AMOS-5, lancé le 11 décembre 2011 par une Proton depuis Baïkonour.


Il y a également la classe EROS (Earth Resources Observation Satellite) de satellites d’observation de la Terre qui sont aussi de faibles tailles et d’un poids aux alentours de 250 kg gérés par la société israélienne ImageSat.

A l’origine, il était prévu un lancement d’EROS tous les 6 ans.

EROS A, lancé le 5 décembre 2000 depuis le complexe russe de Svobodny par un Start-1. Il a été fabriqué à partir des plans du satellite militaire Ofeq-3. Il avait une résolution en imagerie d’environ 1,80 mètre.

EROS B, lancé le 25 avril 2006, toujours de Svobodny et par un Start-1. Il a une résolution de 70 cm, et avait aussi un rôle de surveillance des installations nucléaires iraniennes.
Le satellite est en orbite géosynchrone autour de la Terre à 480 km, ce qui un excellent instrument de veille stratégique.

Un EROS C est prévu, mais sans date annoncée. ImageSat a annoncé 3 satellites de plus pour couvrir la totalité de la planète avec ces six satellites.

 
Il y a plusieurs projets de micro-satellites pour le futur :

Insat-1 et Insat-2 en cours de développement par l’Israeli Nano Satellite Association (INSA) qui sont des nanosatellites de moins de 10kg.

OPSat qui est une nouvelle génération de satellite d’observation à haute résolution

TAUVEX qui était un projet de télescope spatial en collaboration avec l’Inde, et qui a été abandonné fin 2012, après un désaccord entre les deux pays et le refus de l’agence spatiale indienne (ISRO) de lancer le télescope.

Venus, projet de microsatellite d’observations sientifiques de la Terre, qui serait développé avec différents agences gouvernementales israélienne et le CNES
Et parmi ces agences gouvernementales, il y a Rafael (=Autorité pour le développement des armements) qui a été désignée par l’Armée de l’Air pour développer plusieurs gammes de microsatellites pouvant être lancés depuis des avions.

En janvier 2010, l’Armée de l’Air israélienne a choisi de concentrer une bonne partie de ses efforts sur ce programme qui montre bien cette nouvelle dynamique spatiale qui s’est engagée en Israël.

L’utilisation de ces microsatellites de très petites tailles, d’un poids d’environ 100-120 kg, permettra de recueillir des informations très précises sur des cibles données. Leur faible hauteur d’orbite (environ 300 kg) et la rapidité de recueil de ces informations, vont accentuer et augmenter le savoir-faire d’Israël dans la technologie spatiale.

Ce projet militaire de microsatellites lancés par avion est prévu pour aboutir en 2015.

 

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