mardi 4 septembre 2018

Un Jour - Un Objet Spatial / N° 100 - Combinaison Sokol KV-2


Un Jour – Un Objet Spatial
N° 100 / 4 septembre 2018

Combinaison spatiale Sokol KV-2


Article spécialement publié pour la rubrique Un Jour – Un Objet Spatial que vous pouvez retrouver en cliquant ici :


Je ne vais pas entrer dans le détail de l’histoire des combinaisons russes, d’autres sites le feront mieux que moi, mais un petit aperçu historique jusqu’à la combinaison qui nous intéresse aujourd’hui : la Sokol KV-2.

Lors des cinq premières missions Vostok (1 à 5), les cosmonautes ont utilisé la combinaison SK-1 (pour Skafandr Kosmicheskiy = scaphandre spatial) conçu par NPP Zvesda. Elle avait été développée à l’origine spécifiquement pour Youri Gagarine qui l’inaugura dans l’espace, et, ayant donné entière satisfaction, elle servie pour les cinq autres missions Vostok.
Pour Valentina Terechkova et son vol Vostok 6, c’est toujours une SK-1 qui a été utilisée mais elle avait été modifiée pour un cosmonaute féminin – elle prit le nom de SK-2.
Le poids de la SK-1 / SK-2 était de 20 kilos.

On se rappelle tous que l’équipage de Voskhod 1 (octobre 1964) ne portait pas de combinaison spatiale du fait de l’exiguïté de la capsule.

Pour Voskhod 2 (mars 1965) qui voit Alexeï Leonov devenir le premier homme à marcher dans l’espace, NPP Zvesda développe une version spéciale à partir de la SK-1 : ce sera la Berkut (Aigle royal). Elle possédait un sac dans le dos avec une réserve d’oxygène d’environ 45 minutes et les mouvements avec cette combinaison étaient très restreints (Leonov s’en souvient encore !).
Son poids était de 41 kilos (20 kg de combinaison et 21 kg de sac à dos).

En janvier 1969, Soyouz 4 et Soyouz 5 sont lancées ensembles. Les équipages doivent procéder à un échange de vaisseaux et pour ce faire, ils effectuent une sortie extravéhiculaire en utilisant une nouvelle combinaison tirée de la Berkut : c’est la combinaison Yastreb (Epervier).
Elle ne pouvait être mise qu’une fois en orbite dans le module orbital de la capsule Soyouz.
Elle ne servit que lors de cette mission. Son poids était également de 41 kg comme la Berkut.

Les russes avaient pris l’habitude d’envoyer les équipages dans l’espace sans combinaison spatiale pour les phases de décollage et d’atterrissage.
Mais en juin 1971, lors du retour sur Terre de Soyouz 11, une valve s’ouvre accidentellement à bord de la capsule et expulse l’air – les trois cosmonautes meurent asphyxiés car ils ne portaient aucune combinaison qui aurait pu pallier à ce problème.

A partir de là, les autorités russes exigent que tout cosmonaute qui part dans l’espace et qui en revient, soit équiper d’une combinaison spatiale protectrice en cas d’urgence comme une fuite d’air, une dépressurisation.

La société NPP Zvesda va donc développer la désormais célèbre combinaison Sokol (Faucon). A partir de 1973 et le vol de Soyouz 12, tous les équipages sont équipés d’une combinaison spatiale.

Cela a d’abord été une Sokol-K (K comme Kosmos = espace) qui a servi de Soyouz 12 (1973) à Soyouz 40 (1981). L’ouverture se faisait verticalement par le devant.
Le poids avait été considérablement allégé puisqu’elle ne pesait que 12 kilos.

Un modèle, le KV, avait été aussi développé avec une combinaison en 2 parties distinctes qui s’accrochaient ensemble par une fermeture éclair. Mais cela n’a pas été jugé assez fiable et ce dernier a été abandonné pour le modèle KV-2.

Puis à partir de Soyouz T-2 (juin 1980), a été utilisée la dernière version de la Sokol K, la célèbre KV-2 qui est encore en service de nos jours.
Elle se distingue de la Sokol K par une ouverture en V qui est plus rapide, par des fermetures éclairs qui remplacent les lacets, par un casque à vision plus élargie, par le déplacement de la valve de surpression de l’abdomen gauche au centre de la poitrine pour être atteint des deux mains. Par des gants amovibles à attache rapide et surtout par le remplacement de la couche de pression en caoutchouc par du kapron caoutchouté ce qui a permis un gain de poids important.
La KV-2 ne pèse que 10 kilos.

Pour une explication plus détaillée du fonctionnement de la Sokol KV-2, je vous propose de le voir sur le site de mon camarade Nicolas en cliquant ici :
http://www.kosmonavtika.com/vaisseaux/sokol/tech/kv-2/kv-2.html

Voici donc l’objet n° 0100 de cette rubrique Un Jour – Un Objet Spatial

La combinaison est une combinaison complète qui n’a pas volé dans l’espace – elle a servi à l’entrainement au sol et en mer. Au vu des patchs qui sont cousus à même la combinaison, on peut datée celle-ci entre 1993 et 1999 et que c’était pour le programme MIR.


Elle possède le ‘’joint de survie’’ à l’intérieur ainsi que tous les branchements intérieurs et extérieurs.

Le but de cette acquisition est de pouvoir permettre à un maximum de gens de voir et de toucher une combinaison spatiale – c’est pour cela que je la loue, la prête pour des tournages de films, de publicités, pour des expositions, des conférences, et surtout des présentations dans les écoles où elle a un énorme succès auprès des élèves.

(Community Day de l'Association of Space Explorer en octobre 2017 avec la Sokol)

La Sokol possède deux couches : une extérieure et une intérieure.

Celle extérieure est en fibre de polytéréphtalate d’éthylène (PET) qu’on appelle aussi la ‘’couche structurelle’’.
 C’est cette couche qui permet de garder la forme du scaphandre (en pression ou non) et qui protège la deuxième couche, celle intérieure. Dans la partie inférieure, elle permet au cosmonautes de faire leur besoin au cas sans avoir à la quitter grâce à une ouverture qui se rabat avec des velcros et qui se ferme avec des lacets (faut pas avoir une envie ultra pressante). Deux lanières transversales renforcent les épaules en s’attachant au-dessus de la valve de surpression et une lanière horizontale renforce la taille.



La deuxième couche est dite d’étanchéité. Elle est à l’intérieur de la première couche et elle est faite en kapron (ou nylon 6). Elle est parcourue par de petits tuyaux qui permettent la ventilation de l’air (raccordée au système de ventilation portable PVU que je ne possède pas. Pas encore !) ou de l’oxygène uniquement en cas de secours.

Le casque est intégré à la combinaison et offre un large champ de vision. Il se ferme grâce à une sorte de deux verrous qui assurent une étanchéité totale. Bien sûr, le cosmonaute porte également sur sa tête un autre petit casque, le ChL-10 avec les deux micros et oreillettes haut parleur qui permet bien sûr de rester en contact avec le sol (qui fera l'objet d'un autre n°).

La Sokol possède deux gants amovibles (appelés gants GP-7A) qui se verrouillent sur les anneaux des bras de la combinaison.


Qui dit combinaison sous pression dit bien sûr surveillance de la pression grâce à un manomètre (UDiS-K) qui se trouve sur le bras gauche juste au dessus du poignet.


Le régulateur de pression (appelé RDSP-3M-01) est positionné sur la poitrine au centre de façon à pouvoir être manipulé des deux mains. Il permet, en cas de décompression de la capsule, de garder la pression d’oxygène au bon niveau à l’intérieur de la combinaison. Il permet aussi de respirer l’air extérieur quand le casque est fermé notamment lors des phases de décollage et d’atterrissage, et il pourra être mis en mode secours en cas de problème.
(je vous renvoie là aussi pour plus de détails à la page du site cité plus haut).


La combinaison est reliée, lorsque le cosmonaute est installé dans le Soyouz, à la capsule par deux câbles électriques qui se trouvent sur le côté droit de la Sokol. Un câble (Kh3) qui est relié au système de communication et un autre câble (Ch9) pour la transmission des données médicales. Les câbles arrivent à l’intérieur de la combinaison avec un petit boitier de liaison.

Sur le côté gauche, se trouve un gros segment qui englobe deux câbles, celui d’admission d’air et celui d’admission d’oxygène. Le câble d’admission d’air est relié au PVU (voir plus haut) et l’air sort soit par le casque ouvert soit par le régulateur de pression si le casque est fermé.


Quelques exemples de différentes manifestations 
où a été présentée cette combinaison Sokol

Exposition l'Homme et l'espace à Drancy en janvier 2017


Yuri's Night 2017 à Paris avec l'astronaute Jean-François Clervoy


Community Day de l'ASE en octobre 2017


Festival Sidération au CNES en mars 2018


Exposition Lost in Space - Galerie Sakura à Paris juin à septembre 2018

(avec Tim alias Everyday Astronaut)

(Thomas Pesquet portant un des gants de la combinaison)
(Projet Proxima de Maddy et Timothy)

Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
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