Ce 20 août 1960, il y a 65 ans, était lancée la capsule spatiales soviétique Spoutnik 5. A son bord, 40 souris, 2 rats, 1 lapin, des mouches, et 2 chiennes : Strelka (Petite Flèche / Fléchette) et Belka (Ecureuil), des champignons, des plantes. La mission : tester les systèmes vie de la capsule pour un futur vol humain, et un retour sur Terre sain et sauf.
La capsule revient sans encombre avec tous ses passagers - c'est le premier retour sur Terre d'êtres vivants ayant volé en orbite - le retour se passe le 20 août 1960 après un vol d'un peu plus de 24 heures.
Un triomphe pour l'URSS, où la propagande va transformer ces deux petites chiennes en héroïnes internationales.
Voici donc un nouveau Sonorama.
Pour en savoir plus sur Sonorama, replongez sur cet #UnJourUnObjetSpatial n° 00673 (le vol de Gagarine) où j'en parle longuement :
Le Sonorama n° 22 de septembre 1960 nous relate l'exploit de ce vol.
Voici un enregistrement sonore de ce disque d'actualité - la mission Spoutnik 5 et les aboiements de Fléchette et d'Ecureuil se trouvent sur la 2ème partie de ce disque, la première partie étant consacré au procès et à la sentence de Gary Powers pour espionnage (la fameuse affaire de l'U2 de la CIA abattu au-dessus de l'URSS).
Dans ce numéro, il y a 6 disques :
- 1) Politique - Congo et Mali
- 2) Procès de Gary Powers et les aboiements de Fléchette et Ecureuil
Collectionner
les objets spatiaux, c'est aussi apprendre plein de choses sur le spatial et
son histoire, et c'est aussi mener des recherches pour avoir le plus
d'informations possibles sur l'objet/les objets en question.
Voici
donc un objet exceptionnel et certainement unique qui raconte une part du
programme spatial américain, et ses débuts dans l'espionnage spatial.
Ici,
il s'agit d'une authentique tuyère en métal poli ayant servi pour des tests de
simulation à haute altitude pour le programme des premiers satellites de
reconnaissance américains, les fameux satellites Corona qui était publiquement
appelé Discoverer (mais c'était pour mieux cacher son rôle).
Les
Etats-Unis ont lancé le programme Corona à la fin des années 1950 et l'objectif
de ces satellites étaient la reconnaissance photographique, l'espionnage depuis
l'espace pour résumer.
Le
principe était simple et compliqué (comme les américains aiment faireWink ) : à savoir, le satellite prenait des
centaines, des milliers de photos d'une zone pré-choisie (avec une résolution
allant de la dizaine de mètres au mètre) grâce à un appareil couplé à une sorte
de télescope de 60 cm de diamètre. La pellicule se déplaçait lors des prises de
vues.
Une
fois sa mission de photographies accomplie, le satellite basculait afin grâce à
des petites tuyères (comme celle-ci) et éjectait une ou deux petites capsules
récupérables qui contenaient les films. Les capsules descendaient dans
l'atmosphère puis un parachute s'ouvrait et un avion spécialement équipé les
récupéraient en vol où elles étaient acheminées ensuite sur une base pour un
examen et une interprétation des photographies prises.
C'était
un programme secret qui a lancé 114 satellites entre 1959 et 1972, et qui n'a
été déclassifié officiellement qu'en 1995.
Le premier test véritablement opérationnel avec récupération de la capsule de film photo s'est fait le 19 aout 1960 - Discoverer 14 est lancé la veille, le 18 août, sur une orbite polaire de la Base de Vandenberg.
La capsule avec les négatifsest récupérée avec succès en vol par un C-119J de l'US Air Force.
Les crochets de récupération étaient déployés en vol sous l'appareil.
Le dernier lancement s'est fait le 25 mai 1972 avec le KH64B.
Un système de ''crochet'', mais uniquement sur le nez de l'appareil (skyhook ou Stars) a été développé par la CIA pour la récupération d'agents au sol,. Un parachute déployé depuis le sol auquel était accroché l'agent aurait pu être ainsi récupéré par un avion (on en reparle dans un sujet dédié bientôt).
Dans le film Opération Tonnerre de 1965, on peut voir James Bond (Sean Connery) l'utiliser pour s'enfuir avec Domino - plus récemment dans Batman The Dark Knight (2008), un système similaire est utilisé.
L'objet
présenté est donc une des tuyères, plus exactement une tuyère de test, dont
étaient équipés les Corona pour la manoeuvre de basculement (spin) avant
l'éjection des fameuses capsules.
Cette
tuyère a servi dans la chambre de test (T-3) où a été simulée cette manoeuvre
de ''spin''à une altitude de 42 600
mètres (140 000 pieds). Cette simulation a eu lieu au Arnold Engineering
Department Complex (AEDC) de la base de Arnold de l'US Air Force qui se trouve
à Tullahoma dans le Tennessee (du nom de John ''Hap'' Arnold 1886-1950, pionnier
de l'aviation militaire aux USA - un des trois premiers pilotes militaires
américains - et ''père'' de l'US Air Force qu'il est le premier à commander).
L'AEDC
possède plusieurs tunnels de souffleries (dont deux hypersoniques) et des
chambres de simulations d'altitude. C'est ici qu'ont été testé, entre autre, des
éléments du X-15, de la navette spatiale, du X-37B, du X-43, du X-51 Waverider.
La
tuyère a été offerte par les responsables de l'AEDC au Général André Martin
(1911-2001) qui était à cette époque le chef-d'état major de l'Armée de l'Air
française (qu'il a occupé de 1963 à 1967 après avoir été chef d'état-major des
armées de 1961 à 1962).
C'est grâce aux indications des plaques, qu'après
quelques recherches et des mails, que j'ai pu identifier cet objet et raconter,
un peu, sans trop me tromper j'espère, son histoire.
Le 17 juillet 1969, vingt-quatre heures après le décollage d'Apollo 11 vers la Lune, le journal Pilote sort en librairie - c'est le n° 506, et il va être en partie consacré à la Lune et à la première mission habitée sur la Lune.
Accompagné d'un dossier illustré de 9 pages, il y a surtout un très beau Pilotorama consacré à ''la navette lunaire'' !
Ce Pilotorama a été dessiné par le très talentueux Louis Murtin, qui a réalisé des dizaines de Pilotorama pour Pilote dans les années 60 et débuts 1970 ainsi que de nombreuses couvertures, essentiellement sur l'aéronautique et le spatial - d'ailleurs, je prépare un petit sujet pour très bientôt.